Egon Von Greyerz : le monde est face à un désastre économique

Egon von Greyerz : « Nous avons beaucoup parlé des risques financiers et économiques mondiaux. Comme vous le savez, je pense que nous allons être frappé par une catastrophe économique dans les prochaines années, elle sera totalement dévastatrice et abaissera le niveau de vie de tout le monde durant une longue période…

Mais malheureusement, nous sommes également confronté à un risque élevé de guerre, de guerres civiles et de troubles sociaux. Je ne prétends pas être un expert en guerre mais identifier et comprendre les risques est l’un de mes centres d’intérêt.

Au cours de l’histoire, tous les empires atteignent un point culminant où les dépenses excessives et la mauvaise gestion économique entraînent leur chute. Les Etats-Unis ont dorénavant atteint ce point. Le pays est quoi qu’il en soit déjà en faillite. Ils n’ont pas enregistré d’excédent budgétaire réel depuis 1960, ni d’excédent commercial depuis le début des années 1970. Et les dettes augmentent de façon exponentielle.

La dette américaine est passée de 8.400 milliards de dollars au début la crise économique en 2006, à 19.200 milliards de dollars aujourd’hui. C’est uniquement parce que le dollar américain est la monnaie de réserve mondiale que ce pays a pu aggraver son déficit budgétaire de manière irresponsable, s’endetter à des niveaux historiques et imprimer autant de monnaie. Le dollar arrive bientôt à sa fin et les États-Unis tentent désespérément d’éviter un effondrement de leur économie et de leur monnaie.

Dans la phase terminale d’un empire, une guerre est généralement l’acte final pour détourner l’attention d’une situation économique désespérée. Au cours de ces dernières années, les États-Unis ont fait des guerres en Afghanistan, Irak, Iran, Libye, Syrie ainsi que d’autres guerres mineures. Le risque d’une guerre de grande envergure se rapproche. Cela permettrait d’imprimer et d’emprunter des milliards de dollars pour « sauver » l’économie tout en mettant la responsabilité sur un événement extérieur.

Il y a plusieurs régions où les États-Unis pourraient potentiellement intervenir. Le conflit avec la Russie sur l’Ukraine n’a toujours pas été résolu et les problèmes dans cette région pourraient facilement dégénérer et conduire à une possible attaque nucléaire de la Russie. Les États-Unis seraient incapables de gagner une guerre sur le terrain contre une nation majeure. Les échecs de toutes les récentes guerres en sont une preuve suffisante. Par conséquent, une attaque nucléaire est malheureusement l’option la plus probable.

Une autre zone de conflit potentiel est la Corée du Nord. Leur chef Kim Jong-un se montre de plus en plus menaçant, en particulier envers les États-Unis, avec des missiles nucléaires. Peu de gens croient qu’ils possèdent des missiles de longue portée capables de frapper les Etats-Unis avec précision. Le risque qu’ils atteignent cet objectif dans les prochaines années pourraient être une raison suffisante pour lancer des frappes préventives contre la Corée du Nord.

L’expansion de la Chine

Au sud de la Corée se trouve la Mer de Chine méridionale, une zone que se disputent plusieurs pays depuis des siècles. Ce différend s’est aggravé avec la Chine qui construit des îles et qui déploie sa Marine dans cette zone. Les États-Unis s’opposent à l’expansion chinoise et il y a un risque que ce différend relativement mineur dégénère en conflit majeur entre les Etats-Unis et la Chine.

Si nous regardons vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, cette région continue d’être une bombe à retardement avec des conflits potentiels en Syrie, Iran, Irak, Turquie, Arabie Saoudite, Israël, Libye, Egypte et de nombreux autres groupements tels que ISIS, Al Qaida etc. Si nous regardons le conflit actuel en Syrie, beaucoup de pays sont concernés en plus de plusieurs pays occidentaux avec les Etats-Unis et la Russie en tête. Il y plusieurs possibilités de graves problèmes internes comme par exemple en Arabie Saoudite ou de conflits majeurs entre l’Irak et l’Arabie Saoudite. Tous ces conflits pourraient impliqués une grande partie du monde avec des conséquences dévastatrices.

Le risque de guerre civile et de troubles sociaux est également important dans de nombreux pays. Les troubles sociaux sont normalement le résultat de difficultés économiques et d’estomacs vides. Dans un pays avec une population homogène, le risque de conflit interne est faible car il n’y a pas de groupe à blâmer. Mais une immigration massive a eu lieu au cours des dernières années, aux États-Unis et dans les pays de l’UE. Aux États-Unis, les flux migratoires proviennent de plusieurs pays mais principalement du Mexique.

Dans l’UE, il y a un afflux important en provenance de nombreux territoires, notamment d’Afghanistan, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Plus les prestations sociales sont bonnes, plus les migrants affluent dans le pays. Voilà pourquoi des pays comme l’Allemagne et la Suède ont assisté à un afflux majeur. Récemment, j’étais en Pologne et je leur ai demandé s’ils avaient beaucoup de migrants. On m’a dit que ce n’était pas un problème car ils n’offrent pas d’avantages sociaux. Voilà donc un moyen très simple de réduire le nombre de migrants. Quand le ralentissement économiquement des États-Unis et de l’UE commencera vraiment, le risque de conflit interne sera important.

La Chine pourrait également faire face à une guerre civile. L’expansion du crédit massif en Chine peut facilement conduire à un ralentissement économique et à des difficultés pour le peuple chinois. Des troubles sociaux et une guerre civile pourraient facilement en découler. Il existe de nombreux précédents historiques en Chine.

Je ne veux pas être belliciste. Je souhaite sincèrement que tout ce que j’ai abordé ne se produise pas. Comme les risques économiques et financiers, les risques de guerre et de guerre civile sont important de nos jours. Les investisseurs doivent en être conscients et prendre toutes les précautions nécéssaires. Je sais que tout le monde ne peut pas quitter les États-Unis ou l’UE, mais il y aura des régions plus sûres que d’autres dans ces pays. Les grandes villes représentent toujours un plus grand risque. Les petites villes ou villages seront toujours des zones plus sûres et plus éloignées.

Avec tous ces risques de différentes nature, la préservation de richesse est essentielle. Tout au long des crises, quelles soient économiques ou politiques, l’or physique et l’argent ont historiquement sauvé beaucoup de gens de la misère totale. À mon avis, l’or est la meilleure forme de préservation de richesse mais, actuellement, l’argent représente aussi une excellente opportunité. L’argent est sur-vendu et très sous-évalué par rapport à l’or. Les stocks d’argent mondiaux ont récemment diminué de plus d’un milliard d’onces et ces stocks sont maintenant quasi-inexistants.

Tout au long de l’histoire, le salaire annuel moyen a été égal à 50 onces d’argent. Lors des cent dernières années, cette mesure s’est déconnecté. En supposant que le salaire moyen actuel est de 50 000$, cela correspond à 50 onces d’argent, donc le prix de l’argent devrait être de 1000 $ l’once selon cette norme historique. Comme je l’ai dit dans mon interview la semaine dernière, l’argent pourrait atteindre 660$ l’once en se basant sur ma projection de l’once d’or à 10 000$ et d’un ratio or/argent de 15. Donc, 660$ ou 1000$ sont 2 cibles potentielles à plus long terme pour l’argent.

Mais je dois souligner de nouveau que l’or et l’argent physique doivent être achetés pour s’assurer contre tous les risques que je viens d’aborder. Les métaux ne devraient pas être achetés à des fins spéculatives mais comme une assurance contre une possible destruction des actifs traditionnels comme les actions, les obligations et l’immobilier…

Source : http://kingworldnews.com/egon-von-greyerz-warns-the-world-now-faces-an-economic-disaster/