Avec la crise, les gouvernements cherchent des solutions pour récupérer de l’argent et garder le contrôle de leur monnaie. Si la situation venait à s’empirer, les détenteurs de lingots et de pièces d’or pourraient être obligés de donner leur or au gouvernement.
Certains grands gestionnaires de fonds américains préfèrent d’ailleurs détenir de l’or à l’extérieur du pays par crainte qu’on leur confisque, comme ce fut le cas sous Franklin D. Roosevelt en 1933.
Alors que les analystes qui se sont penchés sur le sujet pensent qu’un tel événement est très peu probable, il existe tout de même des exemples historiques.
1933 : L’Executive Order 6102 du président Franklin D. Roosevelt
En plein marasme économique, Franklin D. Roosevelt met en place sa politique de New Deal. Le 5 avril 1933, le président américain promulgue un ordre exécutif (Executive Order 6102) qui impose la restitution de l’ensemble de l’or détenu par des particuliers. La loi interdisait ainsi la détention de pièces d’or, de lingots d’or, et de certificats ou titres rattachés à de l’or. Seules les pièces de collection sont épargnées. Les particuliers étaient ainsi censés restituer leurs biens en or à la Réserve fédérale pour ou avant le 1er mai 1933, en échange de 20$ par once (aujourd’hui 370$ par once avec l’inflation). Les contrevenants à la mesure pouvaient se voir infliger des peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison et une amende 10 000 dollars de l’époque. Il s’agit de signer un coup d’arrêt à la ruée de la population dans les banques pour échanger ses dollars papier contre du métal sonnant et trébuchant.
1935 : Benito Mussolini demande aux Italiens d’échanger leur or pour soutenir la « mère patrie ».
En 1935, le dictateur Benito Mussolini fait appel au patriotisme des italiennes, les invitant à échanger leurs anneaux de mariage en or pour des bagues en acier. Plus qu’une invitation, une obligation « morale et patriotique ». 35 tonnes d’or sont ainsi récupérées puis fondues, pour être transformées en lingots d’or et distribuées aux banques nationales, dans le but de combattre la récession économie qui frappe le pays.
1939 : L’Allemagne vole l’or des Tchèques
La Banque des règlements internationaux (BRI) a été fondée en 1930 pour essayer de gérer l’étalon or international en plein déclin. Basé sur le territoire neutre de la Suisse, elle était supposée être au-dessus de la politique, et bien que ses officiels supérieurs fussent tous des banquiers centraux dans leur pays d’origine, ils agissaient en suivant un code de courtoisie de soutien mutuel et de respect. Non élus alors, et c’est encore vrai aujourd’hui, les banquiers centraux se considèrent comme nobles et indépendants de ces entreprises sales que sont la démocratie ou la dictature.
Le 20 Mars 1939, juste après que les Nazis soient entrés dans Prague, un message a été envoyé par la Banque nationale Tchèque à la BRI, pour demander à la Banque d’Angleterre (qui, comme aujourd’hui, stockait l’or de nombreux pays) de transférer l’or détenu sur le compte numéro 2 de la BRI à un nouveau compte BRI, numéro 17.
Peu avant, des fonctionnaires de la banque centrale à Prague avait envoyé un message indiquant que toutes instructions viendraient « sous la contrainte » et devraient être ignorées. Le parlement britannique avait également gelé tous les avoirs tchèques, pour les défendre contre le vol nazi. De plus, la Banque d’Angleterre savait que le compte n ° 2 BIS contenait l’or tchèque, et que le compte n ° 17 était détenu par la Reichsbank allemande.
Mais le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Montagu Norman (qui était aussi le directeur de la BRI non politique), était prêt à tout pour protéger la noble indépendance des banquiers centraux, et il fit semblant d’ignorer les vrais détenteurs de l’or qui dormait dans ces deux comptes anonymes de la BRI… L’or fut donc transféré, en toute discrétion, et vendu en 10 jours par les allemands.
1959 : L’Australie saisie l’or de ses citoyens
Le gouvernement Australien légalise la saisie de l’or des citoyens en échange d’argent papier. La loi, la partie IV du « Banking Act », mise en place par le Commonwealth a été « suspendu » en 1979.
Le communiqué de presse n° 29, rédigé par Philippe Lynch, le trésorier de l’époque, indique que « l’or, à l’exception de l’or forgé et des pièces d’or en quantité limitée, doit être délivré à la banque d’Australie, sous un délais de 1 mois ».
1966: L’or sous la surveillance du gouvernement britannique
Alors que la Grande-Bretagne a abandonné l’étalon-or depuis 35 ans, la livre sterling se déprécie sur le marché des devises. Alors, les britanniques commencèrent à acheter de l’or, surtout à l’étranger, ce qui bien évidemment fit encore baisser la monnaie nationale.
Pour stopper cette baisse de la livre, le gouvernement travailliste instaura une interdiction de l’importation de pièces d’or, et interdit aux citoyens la possession de plus de quatre pièces d’or. N’importe qui possédant plus de 4 pièces d’or devait effectuer une déclaration à la Banque d’Angleterre. Le contrôle de l’or fut abrogé 13 ans plus tard, en 1979, lorsque Margaret Thatcher mit en place sa première reforme budgétaire.
Les tentatives de réquisition de l’or en France
La France a bien connu plusieurs épisodes de réquisition du métal précieux dans les périodes de crise économique.
En 1720, John Law tente d’imposer le papier monnaie aux Français et interdit la possession de métaux précieux. Mais face au mécontentement de la population, John Law tombe en disgrâce en mai 1720 et la mesure est abrogée dans la foulée.
Pendant la Révolution, les assignats, ces obligations émises par le Trésor français qui font office de monnaie fiduciaire, sont imprimées en grande quantité par l’Etat. Ce qui provoque une forte inflation et pousse les gens à se réfugier dans l’or, l’argent et les pièces de monnaie. Pour imposer les assignats, l’Etat va interdire de 1793 à 1795 les paiements en pièces d’or et d’argent.
En 1936, le gouvernement de Front populaire avait eu recours au même procédé que Roosevelt. Après une succession de crises monétaires dans les années 30, les Français sont de plus en plus nombreux à réclamer aux guichets de la Banque de France un échange de leurs billets contre de l’or. Le 1er octobre, Léon Blum fait voter une loi exigeant que les particuliers détenteurs d’or se déclarent et donnent leur métal précieux, moyennant un rachat au prix du marché. Mais, face à l’opposition virulente de la population, le gouvernement finit par reculer en mars 1937, après avoir tenté, en vain, de durcir le ton. Le Trésor, qui avait récupéré près de 87 tonnes d’or dans l’affaire, est même contraint de dédommager ceux qui avaient donné leurs pièces et lingots.
Dernier exemple en date, après la deuxième guerre mondiale. Le général de Gaulle fait passer plusieurs ordonnances en 1944 puis 1945 qui permettaient notamment à l’Etat de réquisitionner l’or. Des mesures qui s’appliquèrent jusqu’en 1948.
A noter que L’article L151-2 du Code monétaire et financier autorise le gouvernement Français, par simple décret et « pour assurer la défense des intérêts nationaux », à « soumettre à déclaration, autorisation préalable ou contrôle l’importation et l’exportation de l’or ».
Sources :
Mining.com
Challenges.fr
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