L’or est dans l’œil du cyclone… mais pas pour bien longtemps, selon Alain Corbani, gérant responsable des matières premières chez Finance SA. Du point de vue de l’analyse technique, la tendance est baissière mais l’or approche d’un support, d’après Daniel Cohen de Lara.
L’or n’a pas brillé, ces derniers mois. Depuis le mois d’août 2020, le métal jaune est en phase de consolidation, après son envolée initiée il y a un an. Il est passé de 2.063 dollars l’once lors du pic historique de l’été dernier à 1.710 dollars le 3 mars. “Cette consolidation répond à un réajustement des taux d’intérêt nominaux, qui sont passés de 1,22% à 2,27% pour l’obligation d’Etat à 30 ans aux Etats-Unis et de 0,55% à 1,49% pour le 10 ans américain sur la même période. Cette appréciation des taux, tout à fait anticipée et normale, répond à la sortie de récession du second trimestre 2020 et à une anticipation d’un retour à la croissance économique (sortie de la crise de la pandémie)”, relève Alain Corbani, gérant du fonds Global Gold and Precious. Rappelons que le cours de l’or, qui ne génère pas de revenu, évolue généralement à l’inverse des les taux d’intérêt réels (les taux moins l’inflation) du fait de phénomènes d’arbitrages favorables.
Cependant, “ceux qui prévoient une poursuite de la hausse des taux en raison de la forte croissance à venir espérée le font à leur propre péril”, avertit l’expert. En effet, c’est sans compter sur ce que l’histoire nous a enseigné. “Des épisodes de sorties de crise passées, nous retiendrons que les taux se sont bien redressés en anticipation de plus d’inflation pour vite réaliser que les relances monétaires et / ou fiscales mises en place ne se sont pas traduites par une forte hausse des prix. Ce fut le cas en 1983 avec des taux qui sont passés de 10% à 13% pour finir en 1986 à 7% et lors des deux récessions qui ont suivi en 2000 et 2008”, rappelle-t-il.
En outre, du point de vue de l’analyse technique, le 24 février 2021, les taux américains à 30 ans ont atteint des niveaux excessivement surachetés, avec un RSI (Relative Strength Index) de 78. “L’Histoire, là aussi, a démontré que dans les semaines qui ont suivi ces niveaux extrêmes, les taux se sont détendus”, note Alain Corbani.
Par ailleurs, il serait bon de rappeler que les coûts de production des mines d’or, qui évoluent aux alentours des 1.550 dollars l’once (contre un cours actuel de près de 1.700 dollars, pas très éloigné), “représentent un excellent support en deçà duquel l’industrie n’est plus rentable”, souligne le gérant.
Enfin, selon de nombreuses études, le point critique de basculement des taux à 10 ans se situe proche des niveaux actuels. Dit autrement, “toute hausse des taux significative à partir des niveaux actuels serait dommageable aux marchés actions (nous commençons à le percevoir avec des indices actions qui stagnent). Et les banques centrales en sont tout à fait conscientes : elles interviendront à point nommé”, juge l’expert.
Que dit l’analyse technique ?
En vision hebdomadaire, l’or est en consolidation d’une tendance haussière de fond. “Les cours s’inscrivent depuis août 2020 à l’intérieur d’un canal baissier. Et la zone 1.745-1.764 dollars – retracement de Fibonacci de 50% du dernier rally et polarités techniques – a été cassée. L’or se dirige maintenant vers la zone inférieure de 1.672-1.686 dollars (désormais très proche, NDLR), qui correspond au retracement de Fibonacci de 61,8% de ce même rally et à des polarités techniques”, juge Daniel Cohen de Lara, président de l’Association française des analystes techniques (AFATE).
Cette dernière zone de soutien correspond à un support majeur. Mais “en cas de rupture de cette zone, l’objectif serait le support à 1.606 dollars et le bas du canal baissier”, indique l’expert.
Source : Capital
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