L’once est tombée lundi 15 avril sous 1400 dollars sur son marché de référence, le London Bullion Market. A New York, l’or a touché les 1360,60 dollars sur la plateforme d’échanges à terme du Comex, soit plus de 9% de baisse par rapport à vendredi soir. L’or n’a jamais connu un cours aussi bas depuis deux ans, et c’est la première fois en 30 ans qu’il chute si soudainement. Mardi matin, le cours se stabilisait.
Comment expliquer cette chute du cours de l’or ?
Parmi les principales explications de ce mouvement, figurent les dernières données chiffrées rendant compte de l’évolution de la conjoncture en Chine. Le ralentissement de la dynamique chinoise présage d’un affaiblissement plus prononcé de la demande en matières premières, et notamment en or.
De son côté, Ole Hansen, gérant senior de Saxo Bank, évoque une accélération des liquidations de positions longues (les prises de positions qui misent sur une hausse des cours) de la part des investisseurs dans les ETF (exchange-traded funds) et des ventes à découvert de fonds spéculatifs.
Les opérateurs de marché s’inquiètent par ailleurs de voir Chypre vendre une partie de ses réserves d’or pour aider à financer son plan de sauvetage. La cession, évoquée dans un document de la Commission européenne vu par les agences de presse, rapporterait 400 millions d’euros. Nicosie compte dessus, mais la banque centrale du pays a fait savoir que l’or ne pouvait être vendu sans son consentement. Le volume concerné, estimé par les analystes à 10 tonnes, serait insuffisant pour chahuter le marché. Mais certains craignent que le projet chypriote ne donne l’idée à d’autres pays européens plus importants de faire de même.
Depuis le début du mois, plusieurs grandes banques ont révisé en baisse leurs prévisions sur le métal jaune. Mercredi, un rapport de Goldman Sachs a fait un peu plus chanceler l’opinion des investisseurs en défaveur de l’or. Leur principal argument a cependant davantage résidé dans l’amélioration de la toile de fond macroéconomique aux Etats-Unis qui conduirait la Réserve fédérale américaine à réduire ses injections de liquidités sur les marchés, qui ont constitué ces derniers mois l’un des moteurs de la hausse en alimentant un mouvement inflationniste, contre lequel l’or permet de se prémunir.
Olivier Delamarche, du groupe Platinium Gestion, s’est également exprimé sur l’effondrement de l’or sur BFM Business. Il a notamment déclaré : « Préférez-vous avoir un compte bien garni à la Société Générale qui sera saisi comme à Chypre ou bien vous préférez posséder de l’or ? Si vous pensez qu’il n’y a pas d’autre issue que l’hyper-inflation ou un défaut sur la dette, gardez votre or »
Mais l’explication la plus précise nous vient d’un article de Paul Craig Roberts, sous-secrétaire au Trésor dans l’administration Reagan. Selon lui, ce crash est orchestré. La Fed manipulerait le marché des métaux précieux afin de protéger la valeur d’échange du dollar US, valeur menacée par l’assouplissement quantitatif de la Fed.
« Une baisse de la valeur d’échange du dollar ferait remonter le prix des importations et, donc, l’inflation domestique US, et la Fed perdrait le contrôle sur les taux d’intérêts. Le marché des obligations s’effondrerait et, avec lui, la valeur des produits dérivés reliés à la dette qui se retrouvent dans les bilans des banques « too big to fail ». Le système financier serait dans la tourmente, et la panique s’ensuivrait. »
Où va le cours de l’or ?
La rapidité de la chute de l’or est impressionnante, inquiétante, et désordonnée. Nous avons déjà eu deux autres cas semblable de mouvement de vente « précipitée » au cours des cinq dernières années. En Juillet 2008, l’or a rapidement perdu 21% – apparemment en anticipation de la faillite de Lehman Brothers et de l’effondrement du système bancaire occidental. En Septembre 2011, l’or a chuté de 20% peu de temps – alors que le risque Européen a explosé, les bourses ont chuté, provoquant une intervention coordonnée des banques centrales. Compte tenu de la baisse record de l’or de ces derniers jours, on se demande ce qui va arriver…
L’or et le S&P 500 au 3e trimestre 2008 :
En 2011…
L’or et le S&P 500 aujourd’hui…
Graphiques : Bloomberg
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