Dans les boutiques spécialisées, lingotins et pièces en or partent comme des petits pains depuis le début de la guerre en Ukraine, certains ressentant le besoin de sécuriser de cette manière une partie de leur épargne en cette période d’incertitudes.
« C’est pour un peu diversifier mes économies et puis, compte tenu de la situation, mettre à l’abri le peu d’économies que j’ai… », raconte Serge, un homme d’une soixantaine d’années venu acheter de l’or dans le quartier de la Bourse, à Paris.
« On essaye de sécuriser autant que faire se peut quelque chose », renchérit Marie-Laurence, une autre cliente retraitée.
L’or est considéré comme une valeur refuge: la demande augmente pendant les crises, comme lors des chocs pétroliers, en 2011 avec la crise de la dette en Europe ou plus récemment au début de la crise sanitaire.
La guerre en Ukraine ne fait pas exception: le cours de l’or a frôlé son plus haut historique début mars, à un peu plus de 2.000 dollars l’once. Il a baissé depuis, à mesure que les inquiétudes des investisseurs sur la guerre s’apaisaient, mais reste à des niveaux élevés.
Les petits produits favorisés
Interrogé par l’AFP, le dirigeant de la société Loomis FCGS, Cédric Koczor, qui vend et conserve de l’or pour les banques et les épargnants, constate un appétit plus fort de la part des particuliers par rapport aux « gros investisseurs ».
La hausse se concentre « essentiellement sur les pièces et les lingotins » tandis que les gros produits comme les lingots « restent assez calmes », précise M. Koczor. Il faut en effet compter environ 200 euros pour 10 Francs Napoléons et de 300 euros pour un lingotin de 5 grammes à 30.000 euros pour 500 g, tandis que le lingot d’or d’un kilo coûte plus de 55.000 euros.
La Monnaie de Paris a aussi observé en mars une augmentation de 10% de ses ventes de pièces en or par rapport à la même période l’an dernier. « Il y a très certainement le souci d’en faire une réserve de valeur », a souligné auprès de l’AFP le PDG de l’institution, Marc Schwartz, lors de la publication de ses résultats la semaine dernière.
L’épargne classique toujours forte
Le métal jaune attire en période de crise car son cours est censé résister à l’inflation, gagner en valeur sur le long terme et rester relativement facile à revendre.
L’or physique, différent de « l’or papier » qui consiste à parier sur le cours de l’or en Bourse, peut aussi paraître rassurant face à la complexité du système bancaire dématérialisé.
Certains particuliers « craignent un effondrement des systèmes informatiques, une incapacité à réaliser des transactions en euros, que l’euro n’ait plus de valeur… Tout ce que sont en train de vivre les Russes, les Français ont peur que ça leur arrive », soutient M. Koczor, le patron de Loomis FCGS.
Mais investir toutes ses économies en or reste compliqué: il ne rapporte ni dividende ni intérêt et le conserver de manière sécurisée peut exiger des frais. Si certains en achètent plus, les Français ne délaissent donc pas pour autant les autres produits d’épargne, fait remarquer à l’AFP Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne.
« Ils conservent beaucoup d’argent sur leurs comptes courants, beaucoup sur les livrets A et l’assurance vie continue à faire des collectes records », indique-t-il. Pour l’heure, il assure ne pas observer de sortie des placements traditionnels depuis le début de la guerre, mais « plutôt un renforcement ».
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