Il y a presque deux ans, le Venezuela, à court d’argent, effectuait silencieusement son premier swap « or contre devise » avec Citigroup, au cours duquel Maduro a échangé une partie des réserves d’or de son pays contre 1 milliard $ en cash. Comme l’a rapporté Reuters, le motif de cette opération était simple : financer les importations et empêcher l’économie de couler. Cependant, au lieu de vendre l’or directement, un mouvement qui aurait provoqué une salve de protestations de ses opposants politiques et mêmes de certains alliés, Maduro l’a simplement « prêté/loué » à Citi Bank.
Plus précisément, le Venezuela a fourni 1,4 millions onces troy d’or à Citi en échange d’espèces. Alors que le Venezuela devait payer des intérêts sur les fonds reçus, il a obtenu l’avantage essentiel de pouvoir conserver l’or dans ses réserves de devises étrangères. Après tout, l’or était simplement « re-hypothéqué », du moins sur le papier, et l’or physique serait transféré dans un coffre inconnu au choix de Citigroup où il deviendrait un actif contrôlé par les lois américaines (il y eu une petite inquiétude en juillet dernier, lorsque Citi a indiqué qu’elle fermerait le compte de la Banque centrale du Venezuela, ce qui nous a incité à nous demander si Citigroup était sur le point de confisquer les 1 milliard de dollars en or du Venezuela).
Bien que nous ignorons si Citi a confisqué une partie de l’or du Venezuela, il est important de noter qu’il y a seulement deux ans le Venezuela était dans une situation économique et sociale bien meilleure qu’actuellement, ce qui a finalement incité Maduro à conclure un accord de swap au lieu de vendre directement l’or du pays. Mais aujourd’hui, l’hyperinflation est rampante et les manifestations quotidiennes sont violentes voire mortelles, et ce, même si Maduro a déployé l’armée dans les rues. Le président a désormais beaucoup moins de scrupules à préserver l’illusion de la stabilité. Il a cependant besoin d’accéder au dollar, que ce soit pour payer les créanciers du Venezuela, octroyer des fonds à la compagnie pétrolière nationale PDVSA, ou simplement payer l’armée qui est la seule chose permettant d’éviter une révolution.
C’est pourquoi Maduro est s’apprête à faire la même chose qu’il y a deux ans, à plus grande échelle et peut-être, cette fois-ci, en vendant purement et simplement l’or du Venezuela.
Selon Bloomberg, ces allégations viennent de l’opposition vénézuélienne qui a contacté les banques de Wall Street pour les dissuader d’aider Maduro à vendre 7,7 milliards de dollars (en février) des réserves d’or du pays. Alors que les réserves en devises étrangères du Venezuela déclinent rapidement, l’or représente maintenant une de ses atouts les plus précieux; Le total des réserves de change s’établit à 10,3 milliards de dollars lundi, près d’un point bas de 15 ans.
La lettre envoyée ce lundi par le Congrès, dirigé par l’opposition, aux grandes banques américaines, prévient que le Venezuela va essayer d’éviter le défaut en cherchant à échanger ses réserves d’or contre des espèces. Toute banque d’investissement qui aidera Maduro a réaliser cette opération sera accusé de « soutenir un gouvernement reconnu par la communauté internationale comme dictatorial ». En outre, les législateurs ont approuvé une mesure qui annulerait toute émission de dette publique, ainsi que tout échange de dettes et mise en gage de l’or national, non approuvée explicitement par le Congrès.
« Le gouvernement national, par l’intermédiaire de la banque centrale, va tenter d’échanger de l’or détenu en réserve contre des dollars, afin de rester au pouvoir de manière inconstitutionnelle », selon la lettre signée par le président de l’Assemblée nationale, Julio Borges. « J’ai l’obligation de vous avertir qu’en soutenant un tel échange d’or, vous prendriez des mesures favorisant un gouvernement qui a été reconnu comme dictatorial par la communauté internationale ».
Le législateur Angel Alvarado, membre du Comité des finances de l’Assemblée nationale, a déclaré que la lettre était destinée aux banques, y compris Citigroup Inc., Goldman Sachs Group Inc. et Bank of America Corp.
Parallèlement, alors que Maduro subit une vague de contestation contre l’inflation à trois chiffres et la pénurie chronique de denrées alimentaires de base, les investisseurs tentent de déterminer la probabilité que le pays continue de supporter sa dette en plein milieu d’une pénurie de dollars aggravée par l’effondrement des prix du pétrole.
Mardi, sur la télévision publique, le président a annoncé qu’il allait faire une déclaration dans la soirée. « Ce soir, je vais révéler l’intégralité des plans de la droite pour les prochains jours et je ferai une déclaration spéciale pour que la république soit vigilante », a déclaré Maduro, ajoutant que ses partisans devraient être vigilants pour « vaincre le coup d’Etat et l’intervention ». Puis, il y a quelques instants, Maduro a accusé le chef de l’opposition, Julio Borges, d’appeler à un coup d’Etat.
Pour rappel, Maduro a ordonné que les forces armées soient déployées dans les rues alors que la nation insolvable s’organise pour ce que l’opposition appelle la « mère de toutes les manifestations ».
Quel que soit le résultat de la manifestation de demain, le prochain prêt ou la vente d’or de Maduro, une chose est certaine: Hugo Chavez, qui a passé les dernières années de sa vie à rapatrier l’or du Venezuela, doit se retourner dans sa tombe.
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