La semaine dernière a marqué le 41ème anniversaire d’un des jours les plus désastreux de l’histoire mondiale. Le 15 août 1971 a été un jour fatal pour l’économie mondiale, et il nous apportera encore plus de misère humaine que les guerres mondiales. C’était le jour où le président Nixon a déconnecté la monnaie de l’or, ce qui a eu pour effet de permettre aux gouvernements du monde entier de créer des sommes infinies d’argent papier sans valeur.
La bulle de crédit résultante a créé une exposition à la dette mondiale, en incluant les produits dérivés, de plus d’1 quadrillion de dollars US. Elle a aussi créé la perception de richesse pour une grande partie de la population, une richesse qui n’est basée que sur des promesses de paiements futurs et sur des actifs grossièrement surévalués. Peu de gens réalisent que cette richesse est totalement illusoire, et qu’elle implosera en bien moins de temps qu’il en prît pour la créer.
L’or nous révèle la vérité
C’est l’or qui nous révèle la vérité des actions criminelles des gouvernements qui détruisent la valeur de l’argent papier et la richesse des nations. C’est pourquoi la plupart des gouvernements occidentaux n’aiment pas l’or. Parce que l’or dit la vérité : depuis août 1971, le dollar US a perdu 98% de sa valeur en termes réels.
Quand on parle de « termes réels », cela signifie l’or, puisque c’est la seule monnaie qui ne peut être imprimée et qui a survécu depuis 5,000 ans.
Comme l’a dit Voltaire en 1729, « Toute monnaie de papier retourne éventuellement à sa valeur intrinsèque : ZÉRO. »
D’ici à ce que ce cycle de dette se termine dans les années à venir, le dollar et la plupart des monnaies utilisées vont probablement continuer à se déprécier vis-à-vis de l’or et perdre 100% de leur valeur. Il ne leur reste pas beaucoup de chemin à parcourir, vu qu’elles en ont déjà perdu 98% en 41 ans. La chute finale se produira à la suite d’une folie illimitée d’impression d’argent à laquelle se livreront les gouvernements dans les mois suivants pour « sauver » l’économie mondiale. Mais l’impression d’argent neuf ne sauve rien, cela ne fait qu’exacerber la situation. On ne peut jamais se libérer de la dette en créant plus de dette, et on ne peut créer de la richesse avec des bouts de papier sans valeur.
Le système est en faillite
Il n’y a jamais eu dans l’Histoire une époque où la plupart des pays souverains sont en faillite et où le système financier ne survit que grâce à des manoeuvres comptables douteuses (les banques peuvent évaluer leurs dettes toxiques à leur maturité éventuelle plutôt qu’à leur valeur actuelle sur le marché). Alors, malheureusement, nous nous dirigeons vers la phase suivante de l’économie mondiale : une dépression hyperinflationnaire. L’hyperinflation survient à la suite d’impression d’argent qui, elle, entraîne la dévaluation de la monnaie. Pendant que les prix de la plupart des biens et services montent de façon dramatique avec l’hyperinflation, les actifs qui ont été financés par la bulle du crédit, comme les actions, les bons et l’immobilier vont s’effondre en termes réels, c’est-à-dire vis-à-vis l’or.
L’Europe vs les USA
Ces deux dernières années, toute l’attention a été tournée vers les difficultés des pays de la zone Euro. Le dilemme des pays membres tient à ce que, contrairement aux USA, ils ne peuvent imprimer de l’argent eux-mêmes. La pression politique en Allemagne les empêche d’imprimer de l’argent pour les Grecs qui veulent se retirer à 55 ans ou pour les banques espagnoles qui s’effondrent. Il s’agit d’un dilemme gigantesque pour eux car, s’ils contribuent à l’impression d’argent pour la zone Euro, ils augmentent leur exposition à cette dette; c’est comme s’ils gaspillaient du bon argent pour couvrir de la mauvaise dette. Et, politiquement, ce serait inacceptable. De l’autre côté, s’ils n’impriment pas, le gouvernement allemand et les banques pourraient perdre jusqu’à 1 trillion d’euros, soit la somme à laquelle ils sont exposés vis-à-vis des économies européennes plus faibles. Ils s’exposent donc à perdre de toute façon, quoi qu’ils fassent.
Mais l’attention portée sur les pays de la zone Euro va maintenant traverser l’océan. Presque tous les indicateurs économiques aux USA sont pires qu’en Europe. Le ratio dette/PIB et le ratio déficit/PIB aux USA sont pires que ceux de l’Espagne qui, elle, est considérée comme une cause perdue. Et le vrai chômage aux USA, soit 23%, est à un niveau plus élevé que celui de la plupart des pays européens. Aussi, si les dettes toxiques et les produits dérivés y sont inclus, on voit que les bilans financiers des banques sont très malades. JP Morgan, à elle seule, est exposée à des produits dérivés à hauteur de 100 trillions $. Et nous avons vu jusqu’à quel point ces produits dérivés peuvent devenir sans valeur, quand JP Morgan a « perdu » plus de 6 milliards $ récemment. De plus, le déficit annuel américain va demeurer dans les trillions de dollars pour de nombreuses, nombreuses années… ces montants sont faramineux si on les compare à ce qui se passe en Europe.
Le Paradis sur Terre ou un schéma de Ponzi ?
Quand l’attention se tournera vers les USA au cours de l’automne, il y aura de la pression sur le dollar US qui, à son tour, mettra de la pression sur les taux d’intérêts. Cet accès à de l’argent gratuit à taux d’intérêts près de zéro cessera, et les taux d’intérêts US (et d’autres) augmenteront… et augmenteront dans les deux chiffres. C’est comme si les gouvernements et les banques centrales avaient inventé une horloge financière perpétuelle : premièrement, il suffit de descendre les taux d’intérêts à zéro et, deuxièmement, d’imprimer des sommes illimitées d’argent, puisqu’il est gratuit. Ainsi, nous pouvons tous expérimenter le Paradis sur Terre. Mais, malheureusement, ce qu’ils ont inventé n’est pas le Paradis, mais bien un schéma de Ponzi frauduleux. Et, comme tous les schémas de Ponzi, celui-ci s’effondrera et il causera de la misère économique et sociale pour plusieurs générations à venir.
L’or et l’argent décollent
Les métaux précieux physiques, ainsi que les actions minières, continueront à refléter la destruction des monnaies de papier. Comme j’en ai discuté dans mon récent article « Pourquoi l’or va exploser » (orig. : Why Gold will erupt), l’or et l’argent ont maintenant entamé un mouvement haussier majeur. Ce mouvement, avec seulement quelques corrections mineures, ne s’arrêtera pas avant que l’or n’atteigne de $4,500 à $5,000 l’once et que l’argent atteigne $100 l’once.
Les investisseurs ont maintenant une dernière chance d’investir dans l’or et l’argent à des prix qui ne se reverront plus jamais. Mais n’oubliez pas que, pour préserver votre richesse, vous devez acheter les métaux physiques, et vous devez les entreposer en-dehors du système bancaire.
Source : Traduction du Market Report « Gold & Silver off to the races » de Egon von Greyerz, fondateur de Matterhorn Asset Management AG
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