L’auteur du best-seller Currency Wars nous parle de son nouveau livre et nous dit pourquoi l’or remontera en 2014.
Epoch Times : M. Rickards, parlez-nous de votre nouveau livre, The Death of Money, qui sortira en avril.
James Rickards : C’est à la fois un prologue et une suite de Currency Wars, mon premier livre. C’est un prologue dans le sens où Currency Wars débutait avec deux chapitres qui décrivaient un exercice de guerre qui se déroulait dans un laboratoire d’armes top-secret en 2009.
C’était la première fois où le Pentagone avait fait un exercice de guerre où les seules armes étaient des instruments financiers – actions, obligations, produits dérivés, devises.
Comment suis-jeu devenu impliqué? Je commence en parlant des enjeux de sécurité nationale qui ont mené à cet exercice de guerre. C’est la partie « prologue ».
La suite est que, dans Currency Wars, il y avait aussi beaucoup d’histoire. Il y avait cinq chapitres d’histoire, et je pense que c’était très important.
Si vous voulez parler d’or avec votre lecteur, souvent, si vous allez tout de suite dans le vif du sujet, les gens pensent que vous êtes cinglé. Mais si vous racontez l’histoire selon une perspective historique, les gens peuvent alors voir l’or dans un contexte et, quand vous en parlez, cela ne leur semble plus aussi étrange.
Dans mon nouveau livre, The Death of Money, il n’y avait pas de raison de répéter l’histoire – tout cela est dans Currency Wars – donc il s’intéresse plus à l’avenir, et il parle plus de l’avenir du système monétaire international et de son effondrement à venir.
Et je ne parle pas d’un effondrement parce que toutes sortes de gens annoncent l’Apocalypse, la fin du dollar et tout cela. Même si j’y adhère parfois, je crois que cela manque de contenu.
Ce que j’essaie de faire est de fournir une analyse plus profonde de ce qui attend le futur système monétaire international.
J’y souligne que le système monétaire international s’est déjà effondré trois fois, ces cent dernières années – en 1914, 1939 et 1971 – et qu’un autre effondrement ne serait pas si inhabituel. Mais ce ne sera pas la fin du monde. C’est seulement que les pays majeurs devront s’asseoir ensemble et réformer le système. Je parle de ce dont cette réforme aura l’air.
C’est donc la suite, ou la continuation, de l’histoire. Des choses qui se sont passées avant Currency Wars et des choses qui se sont passées après. Et il y a aussi des choses sur la situation actuelle de l’Europe et de la Chine, alors j’espère que les gens l’apprécieront.
E. T. : Et l’or?
J. R. : Il existe plusieurs vecteurs de l’or. Techniquement, il est positionné pour un rallye majeur. Laissez-moi séparer les fondamentaux et l’analyse « technique ».
Fondamentalement, ma cible pour l’or est entre $7,000 et $9,000 l’once. Ce n’est pas quelque chose qui va arriver tout de suite, mais ce ne sera pas dans dix ans non plus. Le prix augmentera de cinq à six fois dans les trois à cinq ans.
E. T. : Sur quoi basez-vous votre analyse?
J. R. : Sur l’effondrement de la confiance envers le dollar et les autres formes de monnaie papier. Pour restaurer cette confiance, il y a deux façons : inonder le monde de liquidités du FMI sous forme de droits de tirage spéciaux (Special Drawing Rights, ou SDR, émis par le FMI), ou bien revenir à un standard or.
Inonder le marché de SDR serait hautement inflationniste; cela seul ferait grimper le prix de l’or. Et s’ils reviennent à un standard or, ils devront s’accommoder d’un prix non déflationniste.
Les gens disent qu’il n’y a pas assez d’or dans le monde. Mais non, il y a toujours assez d’or dans le monde, ce n’est qu’une question de prix. Cependant, à $1,300 l’once, il n’y a pas assez d’or pour supporter le commerce mondial et la finance. Mais à $10,000 l’once, il y en a assez. Cela n’a pas à voir avec la quantité d’or, mais bien avec son prix.
Si vous retournez à un standard or, il faut éviter la gaffe de l’Angleterre qui, en 1925, est retournée au standard or au mauvais prix, ce qui fut hautement déflationniste et contribua à la Grande Dépression.
J’ai fait les calculs là-dessus, et le prix non déflationniste pour un standard or aujourd’hui serait d’environ $9,000 l’once.
E. T. : Sur quoi basez-vous cette cible de prix?
J. R. : Sur la quantité d’or nécessaire pour supporter la masse monétaire, ce que l’on appelle M1 (billets, pièces et dépôts à vue), avec un adossement de 40%. Si l’on devait utiliser M2 (M1 plus les dépôts à termes inférieurs ou égaux à deux ans et les dépôts assortis d’un préavis de remboursement inférieur ou égal à trois mois) avec un adossement de 100%, cela donnerait un prix de $40,000 l’once.
E. T. : Les investisseurs dans l’or feraient fortune!
J. R. : Cela ne signifierait pas que l’or vaudrait plus (en termes réels); cela signifierait plutôt que le dollar s’est effondré. Mais oui, vous pourriez obtenir plus de dollars pour l’once. Cela est une prédiction sur trois à cinq ans.
Pour l’année qui vient, ces fondamentaux n’auront pas le temps de faire effet. Mais les effets techniques peuvent jouer. Techniquement, l’or est placé pour un rallye majeur, dû au déclin de l’or disponible sur les marchés.
E. T. : Cela a-t-il quelque chose à voir avec le crash de l’or l’an passé?
J. R. : 500 tonnes ont été retirées des entrepôts du GLD (le ETF Spider Gold Trust) par les bullion banks. Cela fait beaucoup d’or physique retiré du marché. Les gens ne comprennent pas vraiment comment fonctionne le GLD. Quand les gens achètent du GLD, ils n’achètent ni ne vendent de l’or, mais bien des parts.
L’or est dans un entrepôt et est uniquement disponible pour des participants autorisés. Si vous regardez la liste des participants autorisés et la liste des bullion banks, ce sont pratiquement les mêmes personnes: Goldman Sachs, Citigroup, JP Morgan, Morgan Stanley, Deutsche Bank, HSBC, etc…
Ces banques ont la capacité d’acheter des parts, de les prendre et de les changer pour de l’or physique. Et ils ont fait cela et envoyé cet or à Shanghai pour supporter les transactions sur le Shanghai Gold Exchange. Alors, quand vous prenez 500 tonnes et les envoyez sur le marché, cela représente environ 20% de l’offre minière mondiale annuelle. Il s’agit d’une injection massive.
L’autre facteur consiste en de la manipulation pure et simple, qui est très visible sur les prix des contrats à terme sur le COMEX. J’ai vu des analyses statistiques qui démontrent la manipulation du marché sans ne laisser aucun doute.
E. T. : Cela fait deux choses…!
J. R. : Alors le fait est que, entre la manipulation des banques centrales via le COMEX et les bullion banks qui inondent le marché d’or physique, et la réduction des entrepôts du GLD, et du COMEX, il y a eu des quantités massives d’or émises sur le marché au-delà et au-dessus des tendances normales d’offre, créant ainsi une énorme pression à la vente sur le COMEX.
En plus d’être composé de mauvaises combinaisons, le problème est insoutenable.
E. T. : Et maintenant?
J. R. : Vous ne pouvez vider les entrepôts à deux reprises. Une fois que vous avez sorti tout l’or, vous ne pouvez plus le refaire… Les inventaires de JP Morgan sont bas, ceux du COMEX sont bas, ainsi que ceux du GLD.
E. T. Où s’en va l’or?
J. R. : Un des grands mouvements que l’on observe aujour’hui, c’est de l’or qui part d’endroits comme UBS, Crédit Suisse et Deutsche Bank en direction de coffres privés comme G4S, ViaMAT et Brink’s. Cela n’augmente pas l’offre d’or du tout. Mais ce que cela fait est de diminuer l’or disponible sur les marchés pour les transactions.
Si mon or est chez UBS, ils ont le droit, typiquement, de le ré-hypothéquer. Mais si je prends mon or et le transfère chez ViaMAT, il y reste, et il n’est pas échangé ou ré-hypothéqué.
Donc, si je transfère mon or de UBS vers ViaMAT, il n’y a pas plus ou moins d’or dans le monde. J’en suis le propriétaire, et c’est la même quantité d’or. Mais d’une perspective de marché, l’or disponible sur les marchés a diminué.
Le plus gros joueur, là-dedans, c’est la Chine. La Chine achète des milliers de tonnes d’or secrètement de toutes les façons, par subterfuge, en utilisant l’intelligence militaire, des opérations cachées, etc.
E. T. : Donc pourquoi l’or remontera-t-il, alors?
J. R. : Il y a une offre totale d’or dans le monde. Mais pour verrouiller un marché ou l’étouffer (squeeze), vous n’avez pas à acheter tout l’or; vous n’avez qu’à acheter l’or disponible sur les marchés. Si vous imaginez tout l’or du monde, cela représente environ 170,000 tonnes; rajoutez-y un peu d’argent et vous avez l’offre disponible pour transactions.
L’or qui se trouve dans les entrepôts de JP Morgan ou du GLD est disponible pour transactions. L’or acheté par les Chinois ne verra pas la lumière du jour lot des 300 prochaines années, et il n’est donc pas disponible. Alors, avec l’or qui part de l’Ouest vers l’Est, et du GLD vers la Chine, la quantité totale d’or ne change pas, mais l’or disponible sur les marchés décline rapidement.
Cela signifie que l’or-papier qui trône au-dessus de l’or disponible sur les marchés devient de plus en plus instable et vulnérable à un short squeeze, parce qu’il n’y a pas assez d’or physique pour le supporter. Alors cet édifice devra bien s’effondrer à un moment donné et mener à un short squeeze et une frénésie d’achat.
E. T. : M. Rickards, je vous remercie pour l’interview.
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Kanumis says
C’est une assez bonne nouvelle pour certains alors ! Article très intéressant !