RT: Comme nous en parlions récemment, il y a des différences dans les quantités d’or que la Banque d’Angleterre dit détenir. Une page du site web officiel de la banque rapportait que la banque détenait 505,000 lingots d’or, tandis qu’une autre page utilisant une application web interactive ne rapportait que 400,000 lingots. Alors Chris Powell, co-fondateur du Gold Anti-Trust Action Committee (GATA), a envoyé un e-mail à la Banque d’Angleterre pour demander des éclaircissements sur ces différences. La Banque d’Angleterre lui a répondu officiellement, en disant que ‘ le nombre de lingots mentionné sur l’application ne peuvent servir à déduire un changement dans la quantité d’or gardée en fiducie par la Banque d’Angleterre, vu que ce chiffre est, de façon délibérée, non spécifique’. Donc, à la base, on ne peut se fier à l’information divulguée. J’ en ai parlé avec Chris Powell, et voici ce qu’il avait à dire :
C.Powell: La transparence de telles activités des banques centrales sur le marché de l’or démontrerait les immenses efforts des banques centrales de l’Ouest pour « truquer » le marché. Il s’agit d’une information très sensible. Si vous savez combien d’or les banques centrales gardent dans leurs coffres, vous pouvez alors savoir si elles interviennent ou non sur le marché. Mais la Banque d’Angleterre refuse de se justifier. Elle pouvait nous dire, en février, combien d’or elle gardait, mais elle refuse de nous le dire aujourd’hui. Cela signifie qu’elle a fait quelque chose, ces derniers mois, qu’elle veut cacher au public.
RT: Laissez-moi vous demander, parce qu’on a vu une grosse chute du prix en avril… est-il possible que cette baisse de l’or sur le marché soit en rapport avec ces écarts de la Banque d’Angleterre?
C.Powell: Mais bien sûr, on pense qu’il pourrait y avoir une différence d’environ 1,200 ou 1,300 tonnes d’or, une quantité énorme. Nous devons prendre pour acquis que l’attaque d’avril, les 12 et 15, où une quantité énorme d’or qui n’appartenait pas à des entités privées, mais qui devait venir du gouvernement, a inondé le marché. Nous supposons que les changements dans les chiffres de la Banque d’Angleterre et, surtout, leur refus de se justifier, ont quelque chose à voir avec ceci.
RT: Bien, vous parlez des banques centrales et du leasing de l’or… et je voudrais revenir un peu en arrière. En décembre dernier, le GATA a mis au jour un rapport secret de mars 1999, du FMI (le fonds monétaire international) qui révélait que les banques centrales ont caché leurs swaps et leurs leasings pour faciliter des interventions secrètes sur le marché. Alors, pouvez-vous expliquer ce que sont les swaps et le leasing de l’or?
C.Powell: Bien sûr. Un swap (échange) entre des banques centrales est typiquement un mécanisme par lequel une banque centrale en fait intervenir une autre sur le marché de l’or tout en ne laissant pas de traces de la première dans les transactions. Les États-Unis, par exemple, pourraient demander à la Bundesbank « De quoi avons-nous besoin pour mettre une centaine de tonnes sur le marché à Londres, le mois prochain, pour garder le prix bas?… pourriez-vous le faire à partir de vos réserves à la Banque d’Angleterre, et nous vous donnerons les titres sur de l’or que nous détenons ici aux États-Unis… » C’est un exemple de swap. Le leasing implique que la garde physique soit temporairement transférée d’une partie à une autre, et celle qui loue l’or peut faire ce qu’elle veut avec, même si souvent l’or ne quitte même pas les coffres… C’est un mécanisme pour intervenir sur le marché de l’or sans avoir à rapporter les interventions dans les bilans de la banque centrale.
RT: Cela me fait beaucoup penser à la réhypothécation, que l’on a aussi vue sur les marchés. De retour aux États-Unis et à la Réserve fédérale, après avoir parlé de la Banque d’Angleterre… avons-nous un peu de transparence, ou des contradictions, selon vous, à la Réserve fédérale?
C.Powell: Ah… oui. Il y a environ deux ans, au moment où le Gold Anti-Trust Action Committee avait entamé une action, sous la Freedom of Information Act (loi d’accès à l’information), contre la Réserve fédérale, la lettre que les gouverneurs de la Fed nous ont renvoyé, signée par le gouverneur Kevin M. Walsh, disait que, parmi les documents que la Fed ne voulait pas qu’on voie, figuraient des records d’arrangements de swaps d’or que la Fed avait avec des banques étrangères. Et bien, cela ne sert à rien d’avoir ces arrangements à moins que vous ne vouliez intervenir sur le marché de l’or. Ce document, ainsi que tous nos autres documents, sont en ligne sur le site internet du GATA. Mais nous avons la confirmation que la Réserve fédérale a des arrangements de swaps d’or avec des banques étrangères. Et cela ne sert qu’à intervenir sur le marché de l’or.
RT: La Réserve fédérale à reconsidéré sa relation, ou la relation qu’ont Goldman Sachs et Morgan Stanley avec le marché des matières premières… elles y sont depuis si longtemps et, actuellement, JP Morgan parle d’en sortir, alors qu’est-ce que cela laisse présager pour les marchés des matières premières à l’avenir?
C.Powell: Ceci nous renseigne, je crois, sur le mécanisme de suppression du prix de l’or. Morgan Chase et les autres grandes banques qui échangent les matières premières ont été critiquées au Congrès, l’autre jour, et accusées de monopoliser les marchés de matières premières et, possiblement, d’en manipuler les prix, les poussant à la hausse, en exportant les marchés, tout en violant les lois anti-trust. Après ces critiques au Congrès, JP Morgan a annoncé qu’elle songeait à sortir des matières premières, en vendant cette section à quelqu’un d’autre. Mais JP Morgan a ajouté qu’elle ne songeait pas à sortir du marché de l’or et de l’argent. C’est ce qui, selon nous, vend la mèche, à savoir que Morgan Chase est encore l’agent du gouvernement des États-Unis. Et, pour réguler, manipuler les marchés de l’or et de l’argent, le gouvernement américain a besoin de Morgan Chase comme son courtier sur le marché de l’or, pour couvrir le gouvernement, parce que le gouvernement des États-Unis ne pourrait pas intervenir sur le marché de l’or ouvertement sans que tout le monde s’aperçoive de la supercherie. Alors Morgan a dit qu’elle sortirait des matières premières, mais qu’elle resterait dans l’or… On peut en déduire que c’est parce que le gouvernement américain utilise Morgan Chase comme courtier.
RT: Est-il possible que JP Morgan ne fasse que sous-traiter une partie de ses opérations, ou que ces autres banques ne fassent que transférer ce qu’elles font dans le pétrole à d’autres entités, et n’allons-nous pas voir des changements fondamentaux dans le marché des matières premières à cause de cela?
C.Powell: C’est une bonne question, je ne sais pas… Je crois que Morgan allait sous-traiter ou planifiait de le faire, son business des matières premières, en grande partie, pour qu’il n’y ait pas d’enquête du Congrès à ce sujet, qui aurait pu très bien exposer le mécanisme de suppression du prix de l’or. Je pense que Morgan souhaite empêcher une telle enquête et espère pouvoir simplement rester dans le marché de l’or et le marché de l’argent… et les gens comprendront implicitement qu’ils font cela à la demande du gouvernement américain, et il n’y aura pas d’enquête.
RT: Cette manipulation n’est-elle pas comme « cuite dans le gâteau », faisant partie du système… quel serait le signe que cette manipulation disparaisse, ou diminue? Est-ce même possible?
C.Powell: Oui, je crois que c’est possible… en 1968, ces banques centrales de l’Ouest ont ouvertement manipulé le prix de l’or à travers quelque chose appelée le London Gold Pool, une action coordonnée pour sortir les réserves d’or de ces banques afin de garder le prix à $35 l’once et, tôt en 1968, l’or sortait tellement vite de ce « gold pool » que les États-Unis réalisèrent que leurs réserves pourraient s’épuiser en quelques semaines. Alors, pendant plusieurs années, le prix officiel de l’or, maintenu par le London Gold Pool, a été de $35 l’once, et quand les réserves d’or de la Fed ont été épuisées à un point critique, de 25,000 tonnes à environ 8,500 tonnes, les États-Unis ont réalisé qu’il ne leur restait que quelques semaines de réserves d’or; ils ont appelé le gouvernement d’Angleterre et demandé que le London Gold Pool soit fermé. Et cela s’est passé des semaines après que la Banque d’Angleterre ait aussi fournit son or au marché pour maintenir le prix à $35 l’once, sur la promesse des États-Unis de leur expédier par avion des lingots d’or pour le remplacer. Mais l’or sortait trop vite et, finalement, les banques centrales décidèrent qu’elles ne pouvaient plus en perdre d’avantage; elles fermèrent le London Gold Pool, ils abandonnèrent le prix fixe pendant des années… le prix était de $35 et, le jour suivant, il n’y avait plus de marché du tout… Finalement, un marché plus libre, plus privé vit le jour, et le prix de l’or se mit à monter.
RT: C’était mon interview avec Chris Powell, co-fondateur et trésorier de GATA.
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