Jean-Marie Eveillard : Les investisseurs ont tendance à trop se demander si c’est le bon moment d’investir ou non. Si vous jetez un coup d’oeil sur la carrière de Warren Buffett pendant 45 ans, vous voyez qu’il s’est concentré initialement sur les actions de sociétés locales. Il pensait que, de temps à autre, il y a des opportunités. En 1974, au milieu d’un marché baissier majeur, il a dit qu’il se sentait un peu comme un obsédé sexuel dans un harem… Mais il faut être patient : quand il y a plusieurs opportunités, vous devez en profiter et, s’il y en a peu, vous devez avoir du cash.
Cela fait plus de cinquante ans que je suis dans les investissements, d’une façon ou d’une autre. J’ai commencé à travailler dans une banque française à Paris, le 1er septembre 1962. Et, dans tout ce demi-siècle, il n’y a eu qu’une seule fois où j’ai eu l’impression de pouvoir regarder 45 actions sans vouloir en acheter aucun, et c’était le Japon à la fin des années ’80 – 1988 et 1989.
Je dis le Japon en 1988 et 1989, parce que je n’ai pas été assez intelligent pour entrevoir le pic, alors j’ai vendu mes stocks japonais au milieu de 1988, soit 18 mois et 30% sur le Nikkei trop tôt, parce que la Bourse de Tokyo a touché son pic à la fin de 1989. Mais, évidemment, quand le marché baissier a débuté en 1990, je ne détenais plus rien au Japon.
Lorsque je regarde en arrière, je me dis que les succès que j’ai obtenu avec les fonds dont je me suis occupé avaient plus à voir avec les choses que j’ai évité qu’avec les choses que je détenais. Comme je l’ai dit plus tôt, j’ai arrêté de détenir des actions japonaises à la fin des années ’80. Je n’avais pas d’actions technologiques et des médias à la fin des années ’90, et je ne détenais pas de titres financiers au début de ce siècle. Le fait d’avoir évité ces pièges a contribué à mon succès.
À la fin des années ’90 aux États-Unis, et dans le monde entier, il y avait les actions de la « nouvelle économie », qui ont d’abord défoncé le plafond avant de s’effondrer. Et il y avait les actions de la « vieille économie » qui n’ont presque pas bougé à la fin des années ’90, mais qui se sont comportés très bien au début du nouveau siècle.
Plusieurs marchés d’actions ont grimpé de manière significative, particulièrement ces deux dernières années, et plusieurs ont doublé ou triplé lors des cinq dernières années, donc il existe relativement peu d’opportunités aujourd’hui. Il y a quelques opportunités dans les marchés émergents, mais c’est le moment de faire attention, parce que les actions ont grimpé considérablement, et que les arbres ne poussent pas jusqu’au ciel.
Eric King : Parlez-nous du marché de l’or, Jean-Marie.
J.-M. Eveillard : Avec le recul, on voit que le problème avec l’or à $1,800 ou $1,900 était que vous aviez beaucoup de gens courant après un actif qui allait très bien depuis un bon bout de temps. Ces nouveaux acheteurs n’étaient pas des acheteurs convaincus de la valeur de l’or en tant que monnaie ou autre. L’or montait depuis un bout de temps, et ils sont montés dans le train en espérant qu’il grimperait toujours.
Mais aujourd’hui, dans le marché de l’or, il ne reste que les vrais croyants. Ces gens comprennent que l’or est de la monnaie et que, depuis 40 ans, nous sommes dans un pur système de monnaie papier, et que l’histoire de la monnaie papier est désastreuse.
Après la Première Guerre, les États-Unis adoptèrent une version plus édulcorée du standard or. Et, après la Second Guerre, les États-Unis ont adopté encore une version plus édulcorée des Accords de Bretton Woods. Et alors, et je m’en souviens parce que je partageais une maison de vacances avec quelques amis dans les Hamptons, Nixon apparut en 1971 à la télé et déclara qu’il « fermait la fenêtre de l’or ».
Il s’agissait de la dernière contrainte qui restait en termes de création monétaire parce que, jusqu’alors, les pays pouvaient présenter leurs dollars et les échanger contre de l’or. Nixon savait que beaucoup de pays, incluant la France, tiraient avantage de cette situation, et il ne voulait pas perdre tout l’or de Fort Knox, alors il ferma la « fenêtre de l’or ». Depuis ce moment là, il n’y a plus aucune contrainte, et l’or des États-Unis est parti.
Comme disait Peter Bernstein, aujourd’hui décédé, l’or est une protection contre les situations extrêmes. Et, parce que les politiques monétaires à travers le monde lors des cinq dernières années n’ont absolument aucun précédent, particulièrement du côté des banques centrales, qui sait quelles pourraient être les conséquences d’ici quelques années? Nous avons besoin de nous protéger contre des situations potentiellement extrêmes, et c’est exactement le genre de protection que l’or offre.
Traduction article publié sur KWN
Didier says
Il est certain que les hauts et les bas de la situation économique font le bonheur de certain, il faut juste passer a l’action au bon moment. Cependant, comme on a pu le voir dans l’anecdote de Mr Eveillard, les prévisions ne suffisent pas et il y a aussi un facteur chance (de plus ceux qui « jouent » en bourse et/ou a l’achat/revente de biens qui en dépendent ont un certain goût pour le risque). A mon avis le mieux est de s’informer soit même et de faire une petite analyse du cours de l’or au cours de années. Qu’en pensez vous?
numisargent says
Bonjour.
Cette correction qui dure maintenant depuis 2011 va elle perdurer encore longtemps ?
Il parait évident que les manipulateurs s’en donnent à coeur joie, et comme personne ne sanstionne ces dernières, pourquoi s’arrêteraient elles ?
Vous êtes sans arrêt sur ce site en train de nous dire que l’or va remonter et atteindre des sommets, mais rien ne se passe.
Beaucoup de petits possesseurs d’or, des particuliers comme moi sont un peu perdus et ne savent plus quoi faire.
Que nous diriez vous pour nous rassurer ?
Didier says
Comme je l’ai dit dans mon commentaire précédent, je pense que la meilleur option est de s’informer soit même et de faire une petite analyse du cours de l’or au cours de années. Et ensuite de se lancer quand le prix de l’or nous est convenable, car on peut ne peut gagner autant comme on aurait pu en attendant, mais on risque que le cours de l’or chute et de ne pas en avoir pour la cotation qui nous convenait. De mon côté je consulte le cours de l’or qui y est assez bien précisé et en continu ici: http://bijoux-cash.fr/cotation-prix-or-bijoux-cash.html . J’espère que ça t’aidera!