Jeff Nielson (analyste en chef des métaux précieux pour SilverGoldBull), le 11 juillet 2012
Source : Bullionsbullcanada.com
Le même jour où nous apprenons que plus du quart des dirigeants de Wall Street pensent que la fraude fait nécessairement partie de la façon de faire des affaires dans le secteur financier, on nous rapporte un deuxième « MF Global ».
En effet, les soi-disant régulateurs Américains nous apprennent maintenant qu’environ 220 millions de dollars appartenant à des clients « manquent à l’appel » à une institution financière appelée PFGBest… qui a, encore une fois, « fermé la porte de la grange après que toutes les vaches se soient sauvées ».
Quand on voit que le quart des gros banquiers aux USA (ceux qui ont admis être des fraudeurs dans cette étude) pensent que le vol fait partie de leur travail, il devient très important de comprendre jusqu’à quel point la protection est faible entre ces voleurs et votre compte en banque. Selon les écrits de gens qui ont plus d’expertise que moi dans ces marchés, il s’agit apparemment d’un procédé bancaire frauduleux connu sous le nom de « réhypothécation », qui permet aux banques américaines de se servir en masse des comptes de leurs clients, avec l’approbation des régulateurs financiers pour cette nouvelle forme de crime bancaire.
La « réhypothécation » constitue une pratique haineuse des supposés régulateurs des marchés occidentaux, qui permet aux institutions financières de se servir des fonds de leurs clients pour couvrir leurs propres dettes de jeu. J’emploie le terme « fraude inhérente » pour décrire cette pratique, car il y a fort à parier que peu de clients de ces institutions financières s’engageraient dans des contrats avec ces joueurs compulsifs en sachant que leur propre argent pourrait servir à couvrir les dettes de jeu de leurs banquiers.
Au lieu de cela, ce qui arrive est que les clauses de « réhypothécation » sont enterrées dans les « petits caractères » de ces contrats et ne sont jamais expliquées de façon appropriée aux clients : il s’agit vraiment de représentation frauduleuse. Le seul « avantage » que le client obtient avec de tels contrats est une petite réduction des frais, ou un taux d’intérêt légèrement plus favorable : cela n’est surement pas assez pour couvrir le risque de perdre près de 100% de l’investissement en assurant les dettes de jeu d’un autre.
Alors nous avons ces « régulateurs » (i.e. les seuls qui peuvent protéger nos fonds de ces voleurs avoués) qui donnent le feu vert à ces « usines à fraudes » d’y aller avec ces contrats frauduleux, mettant ainsi en péril permanent les fonds de ces clients. Il est donc important de souligner ici comment cela pourrait se produire avec des comptes en banque ordinaires.
Il faut tout d’abord noter que le Corporate Media (les principaux journaux d’affaires, amis loyaux des grosses banques) décrit cela comme étant un problème de « courtage » (brokerage). Il faut comprendre ici qu’une maison de courtage n’est autre chose qu’un bookie légal, c’est-à-dire une entité qui prend (et qui fait) des paris, et qui doit garder les fonds de ses « clients » pour faire des affaires. Apparemment, la différence principale entre un bookie « légal » et un bookie « illégal » est que le bookie illégal ne se servira pas des fonds de ses clients pour couvrir ses propres mauvais paris.
Ce que les gens doivent comprendre est que les plus gros bookies du monde, même les plus gros bookies de l’histoire du monde sont les grosses banques (spécifiquement les grosses banques américaines). La plus grande partie de leur gambling se passe dans leur propre casino frauduleux : le marché des produits dérivés, à hauteur de $1.5 quadrillions.
Les journaux d’affaires du Corporate Media ne mentionnent plus ce chiffre depuis peu. Voyant les inquiétudes prendre de l’ampleur au sujet de la montagne grandissante de dettes de ces banques, les banquiers demandèrent au Maître Bookie, la BIS (Bank for International Settlements), de changer la « définition » de ce marché et, de façon instantanée, le marché des produits dérivés a rétréci à un tiers de sa taille précédente…
Comme plusieurs savent, la BIS est « la banque centrale des banques centrales ». Ce que moins de gens savent, c’est que la BIS est aussi le plus gros véhicule de blanchiment d’argent au monde. Cette entité a été créée juste avant la deuxième Guerre mondiale, spécifiquement pour permettre aux industriels occidentaux de continuer à conclure de vastes affaires avec Adolf Hitler. En d’autres mots, ils ne constituent pas une source fiable d’informations. Alors je continue de me servir des chiffres dont les banquiers se servaient avant qu’ils ne deviennent réticents à chiffrer les montants faramineux de leurs paris.
Les journaux du Corporate Media (une autre source non fiable) nous font croire que ce problème n’affecte que les individus qui ont des comptes de courtage; cependant, en assemblant les pièces du puzzle (déjà connues), voici ce que nous voyons :
1) Nos régulateurs banquiers laissent, en toute connaissance de cause, les institutions financières s’engager dans des contrats qui manquent de clarté (ou carrément frauduleux) avec leurs clients, en complexifiant les « petits caractères » des contrats.
2) Les trois plus grandes « banques » américaines en termes de dépôts (JP Morgan, Bank of America et Citigroup) ont placé des mises dans leur propre casino frauduleux à la hauteur de plus de $100 trillions, un montant qui surpasse de beaucoup le total de leurs dépôts (et de leurs actifs).
3) Une grande partie de ces mises se fait dans le marché des CDS (credit default swaps), à hauteur de plus de $60 trillions. Ces mises peuvent rapporter jusqu’à 300 fois leur montant initial. Ce sont les mises dans ce marché (CDS) qui ont « fait exploser » AIG, et qui ont requis plus de 150 milliards de dollars en aide gouvernementale immédiate.
4) Après le crash de 2008, la dernière fois que leurs mises ont mal tourné, ces mêmes banques se sont fait donner toutes sortes de « cadeaux », d’allègements fiscaux et de « garanties » (i.e. des cadeaux futurs) du régime de George Bush, dépassant les $15 trillions… et elles ont pu , comme si de rien n’était, continuer d’augmenter dramatiquement le montant total de leurs mises depuis ce temps.
5) Il ne suffirait que d’un tout petit changement dans ces contrats pour que les créditeurs de ces banques puissent saisir les fonds des comptes bancaires ordinaires.
6) Les termes des contrats de comptes bancaires sont déjà tellement vagues (et préjudiciables pour les clients) qu’il serait facile pour ces banques de réinterpréter les termes de ces comptes en y intégrant la « réhypothécation », se donnant ainsi le « droit » de voler dans les comptes ordinaires, des comptes appartenant à des gens qui ne font jamais de « mises » dans quelque marché que ce soit. Ou mieux encore, ces banques pourraient annoncer des offres de comptes bancaires « nouveaux et améliorés », où elles intégreraient les termes permettant la « réhypothécation » dans les petits caractères de ces contrats, sachant très bien que les « régulateurs » ne feraient rien pour avertir les détenteurs de comptes des risques gigantesques qu’ils courraient.
Ceux, dans les médias, qui s’offusquent d’une telle suggestion sont les mêmes qui s’exclamaient, il y a peu, qu’ « il ne pourrait plus subvenir un autre MF Global ». Et voici que nous voyons le plus grand gambler de tous, JP Morgan, avouer avoir fait encore plus de ces mauvaises mises, qui prennent de l’ampleur à coup de milliards (4 milliards à date).
Si on ajoute le fait que les règles comptables fantaisistes aux USA font en sorte que ces banques peuvent cacher facilement leur niveau d’insolvabilité, les supposés régulateurs n’ont apparemment pas la moindre idée du niveau de risque auquel les détenteurs de comptes sont exposés… Ce serait l’explication charitable, si on peut dire. Une autre interprétation serait plutôt que ces « régulateurs » sont des complices directs de cette cabale bancaire criminelle.
J’ai fait allusion de façon constante à un « syndicat du crime » en parlant du secteur financier aux USA et ce, depuis plusieurs années, m’attirant souvent des critiques acerbes sur ma rhétorique supposément hyperbolique… De façon évidente, les faits me donnent entièrement raison maintenant. Un banquier sur quatre est maintenant un voleur avoué. Les régulateurs de pacotille (surtout la SEC et la CFTC), de façon journalière, ferment les yeux en acceptant ces actes frauduleux, imposent des amendes absolument triviales, et ces voleurs n’ont même pas à avouer leur culpabilité.
S’il existe des différences substantielles entre la manière dont le secteur financier opère aux USA et toute définition générique d’un « syndicat du crime », il serait intéressant d’apprendre ce qu’elles seraient. Et maintenant ces voleurs sont à un cheveu de pouvoir jouer dans les fonds des comptes bancaires ordinaires et d’y voler tout ce qu’ils peuvent.
Par le passé, la principale raison pour laquelle moi et d’autres ont vivement conseillé aux gens de convertir leur monnaie de papier en or et en argent était que, et les derniers mille ans nous le démontrent, toutes les monnaies de papier ont toujours perdu toute leur valeur (et toujours pour cause d’abus de la planche à billets). Cependant, nous y ajouterons une bien meilleure raison : chaque once d’or ou d’argent que vous achetez (et que vous gardez dans un endroit sûr) constitue une richesse que le syndicat du crime bancaire ne peut pas vous voler. C’est ce à quoi les commentateurs se réfèrent quand ils parlent de « risque de contrepartie » : mettre votre sécurité financière future dans les mains de quelqu’un d’autre.
Ce que les grandes institutions financières du 21ème siècle nous ont appris (par les « leçons » cruelles de leurs crimes en série), c’est qu’il n’y a personne au monde à qui vous pouvez faire le moins confiance avec votre argent qu’un banquier.
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