La tendance générale de rapatriement, par plusieurs pays, des réserves d’or détenues depuis longtemps à l’étranger, continue. Le problème est qu’il est presque certain que l’or officiellement détenu par les bullion banks n’y est pas en totalité. Une grande partie en a été mise en collatéral encore et encore pour la dette qui garde le système monétaire en vie. Plus il y a d’or physique qui est réclamé et livré aux Trésors souverains, moins il en reste pour servir de collatéral aux autres dettes. Quand il sera temps de payer, plusieurs de ceux qui croient posséder de l’or vont se retrouver avec des morceaux de papier sans valeur. Et là, « c’est le prix qui réglera tout cela ».
A l’automne 2011, le Venezuela fut le premier pays à exiger le retour de son or détenu à l’étranger. À l’époque, nous avons également cité Wikileaks, qui a fait connaître au monde la vision de l’or de l’administration chinoise.
Depuis ces jours tumultueux de « relance » à tout prix, nous y avons sombré encore plus, dans cette « relance » et, comme nous nous y attendions, la confiance s’est effritée et le rapatriement de l’or s’est accéléré. WealthCycles a parlé de cette tendance près d’un an plus tard, en disant (encore) que « le même or a été réclamé par plusieurs propriétaires ».
L’Allemagne, ayant l’avantage d’être le deuxième plus gros détenteur, a décidé de réduire la pression d’une demande de rapatriement de 50 tonnes par an, et s’est contentée de rapatrier 300 tonnes sur une période de presque huit ans. En plus d’avoir doublé la quantité à rapatrier de 150 tonnes à 300 tonnes, l’Allemagne a aussi décidé de rapatrier ses 374 tonnes détenues par la Banque de France vers Francfort. Nous pensons que la Bundesbank, la banque centrale d’Allemagne, a restructuré sa demande en y enlevant un rythme de rapatriement qui pourrait « briser » l’équilibre du marché fractionnel des lingots d’or, au cas où l’or non alloué serait difficile à acquérir par la branche de la Réserve fédérale à New York. En d’autres termes, la Bundesbank ne voulait pas dégoupiller la grenade, pour ne pas causer une ruée vers l’or physique. Les pays qui rapatrient l’or aujourd’hui :
• Le Vénézuéla
• L’Allemagne
• L’Équateur
• Azerbaijan
Ceux qui l’envisagent :
• La Suisse
• La Belgique
• L’Irlande
• Les Pays-Bas
• La Roumanie
Nous avions remarqué avant que « presque tout l’or entreposé dans ces centres économiques n’existait qu’en tant que chiffres sur leurs livres de comptabilité, et non en tant qu’or physique », ajoutant qu’en 2012, des gouvernements et des banques centrales qui « achètent de l’or », comme le Mexique, n’achètent peut être que des créances sur l’or. Plusieurs n’attendent plus pour le savoir.
JP Morgan, une des bullion banks qui entrepose de l’or, verra 15 tonnes d’or quitter ses coffres de Londres sur une période inconnue, selon le fonds souverain d’Azerbaijan (SOFAZ).
Brink’s va s’occuper de la livraison et, pour le moment, une tonne a été livrée à Baku. On ignore si Brink’s a fait passer un camion dans le tunnel sous la Manche, et a fait tout le chemin jusqu’à la mer Caspienne. Ce qui est clair est que les 13,9 tonnes restantes seront « transférées graduellement », et que le fonds continuera aussi d’acheter 10,000 onces d’or par semaine pendant encore 56 semaines.
Même si les quantités qu’il reste à livrer, soit 8,77 tonnes pour l’Équateur et 13,9 tonnes pour Azerbaijan, ne sont pas à la hauteur des 930 tonnes rapatriées par l’Allemagne il y a dix ans, les marchés sont très inquiets à propos de l’offre qui serait plus serrée que prévu.
Pourquoi ce sujet est-il si délicat ? Le gestionnaire de hedge fund William Kaye, de Pacific Group, explique :
« Tout ce dont on a besoin pour une réévaluation majeure de l’or est qu’une petite partie seulement des gens décident de réclamer leur or physique aux banques centrales et autres dépositaires qui gardent leur or et qui l’utilisent pour servir leurs propres intérêts. L’or, comme nous le voyons, est entre sous-évalué et extrêmement sous-évalué… Nous n’en sommes qu’au début, d’après nous…»
Kaye ajoute que cette ré-évaluation pourrait survenir d’ici 18 à 24 mois, des propos soutenus par les commentaires qu’a fait le COMEX à Kyle Bass (court vidéo), un autre gestionnaire de hedge fund. Ci-dessous la prédiction de Chris Woods, de CLSA, une maison de courtage, une banque d’investissement et gestionnaire d’actifs qui sert des clients corporatifs et institutionnels :
« Le marché de l’or-papier est beaucoup plus gros que le marché physique. Tout comme si les gens sortaient leurs avoirs des banques, avec leur système de réserves fractionnaires, je pense qu’il serait très difficile de régler toutes les réclamations de certificats d’or alors que tout le monde se ruerait vers le métal. C’est pourquoi il est prévisible que l’or augmente de façon parabolique. »
Avec ces rapatriements qui nous donnent un signal fort de l’avancée vers la dégradation de la confiance dans les monnaies, les familles devraient reconsidérer la quantité d’or et d’argent à posséder.
Le tableau ci-dessous montre les allocations d’un fonds dont l’objectif est de préserver le capital : Cela ne concerne pas quelqu’un qui voudrait éventuellement faire un profit en dollars avec une petite « police d’assurance », mais bien ceux qui cherchent à préserver des épargnes durement acquises face à la plus grosse bulle qui s’apprête à crever, celle du dollar et des obligations qui y sont associées.
Selon le fonds Edelweiss, basé à Zurich, il n’est pas suffisant de détenir 5% de vos actifs en or, et Edelweiss en consacre près de 60% en métaux précieux. Il nous semble que, si seulement 5% des actifs mondiaux étaient alloués à l’or, « le prix résoudrait tout », et nous approcherions déjà la fin de la transition globale de l’esclavage humain à la liberté monétaire. Le fonds Edelweiss, dont le noble but est de préserver la richesse, compte maintenant Dylan Grice dans son équipe, qui a écrit ce qui suit, suite à son départ de la Société Générale :
« Si vous retournez dans le temps et regardez les crises inflationnistes, à partir de la Rome Antique, à la Chine des Ming, à la France révolutionnaire, à l’Amérique ou à la République de Weimar, vous découvrirez que les inflations hors de contrôle sont causées par des gouvernements lourdement endettés qui se sont tournés vers la planche à billets pour éviter le plus facilement possible une faillite explicite (tandis que l’inflation ne constitue qu’une faillite implicite). »
Certains disent que les actions constituent une protection (hedge) contre l’inflation, parce qu’elles sont des actifs tangibles, mais la plupart des creux majeurs des marchés baissiers du 20ème siècle sont survenus dans des périodes d’inflation. Une couverture contre l’inflation plus évidente serait les obligations liées à l’inflation, mais les gouvernements pourraient faire défaut sur celles-là aussi. Des produits d’assurance plus exotiques, comme les CDS (credit default swap) souverains et autres produits basés sur l’inflation à long terme ou sur la volatilité de la courbe ascendante des rendements, ont leurs avantages. Mais ils ont tous des risques de contrepartie. Ce qui n’est pas le cas pour l’or. En effet, personne, durant cette « bulle de l’or de 6,000 ans », n’a fait défaut sur l’or. C’est la police d’assurance qui paiera quand vous en aurez besoin. »
C’est vrai, il n’y a pas de risques de contrepartie avec l’or et l’argent. Souvenez-vous de cet insidieux petit risque de contrepartie la prochaine fois que vous analyserez les centaines de trilliards en produits dérivés, tous garantis pleinement par la confiance totale en ce dollar de la Fed.
Le FMI déclare que seulement cinq des banques too big to fail (TBTF, trop grosses pour faire faillite) pourraient faire tomber les douze autres pendant la première étape de contagion, si la crise de 2008 se répète (et elle se répétera). Ce n’est pas surprenant avec des produits dérivés présentant un effet de levier de 1000 et basés sur un panier d’actifs réclamés par de nombreux investisseurs (rehypotecation).
Pendant que le système financier mondial attend le jour où les battements d’ailes du papillon nous rapprocheront encore plus, la Bundesbank, elle, a rappelé à tout le monde, en novembre, ce qui était important : « Nous devons combattre une crise de confiance. »
Source : Wealthcycles.com
Laisser un commentaire